Le bonheur conjugal : acquis à jamais ?
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Est-ce un combat quotidien ;-) ou un acte militant ?
« Le bonheur d'être aimé consiste moins dans la possession d'un cœur qui se donne que dans la surprise douteuse, inquiète et graduée des secrets d'un cœur qui se défend. Les rencontres que l'on se ménage, les regards tristes et doux que l'on dérobe, le frémissement d'une main palpitante qu'on a souvent effleurée d'une main timide avant d'oser la saisir, voilà ses suprêmes voluptés. »
Charles NODIER, De l'amour et de son influence (1832)
Pour cet article, je me suis inspirée du livre de Sonja Lyubomirsky : Qu’est ce qui nous rend vraiment heureux ? Les Arènes, 2014 (+ éd° poche 2015)
Elle y démonte certaines idées préconçues sur le bonheur et présente les impacts potentiels de la psychologie positive dans nos vies.
Je vous recommande la préface de Jacques Lecomte qui donne un excellent aperçu du livre. D'ailleurs je vais le laisser nous présenter ce qu'est la psychologie positive. Pour en savoir plus : voir * à la fin de ce billet
Sonja Lyubomirsky explore les idées reçues sur le bonheur et nous les explique à la lumière des recherches récentes. Elle aborde dix moments critiques de la vie adulte. J'ai envie de vous parler du premier chapitre qui traite du couple :
« Je serai heureux quand... j'aurai trouvé l'âme soeur »...
N'est-ce pas un domaine où nous aimons à imaginer qu'il est un excellent pourvoyeur de bonheur et pour lequel nos expériences proposent des alternatives moins enthousiasmantes. Je trouve que c'est un domaine sur lequel nous avons beaucoup à apprendre. N'est-ce pas un espace à recréer au regard de nos modes de vie ?
Je constate pour moi et autour de moi à quel point la donne change, si on se l'autorise, par rapport aux couples d'il y a quelques décennies.
Comme le dit Sonja Lyubomirsky : « Je ne peux conseiller à chaque individu de suivre une trajectoire particulière. Chacun d'entre nous doit choisir et façonner son chemin unique. […] Bien que nos points de crise puissent d'abord paraître décevants, troublants ou même tragiques, ce sont des occasions de changer notre vie, ou du moins d'y voir plus clair. »
Elle nous explique que si l'on est en couple depuis un certain temps, il est naturel de ressentir de l'ennui … et que pour dépasser cela, et retrouver de belles satisfactions, il est nécessaire de déployer beaucoup d'énergie et d'engagement.
Ainsi, elle nous donne des astuces pour « réinvestir la relation ».
La première chose à savoir c'est que lorsqu'on est satisfait d'une situation, le ressenti agréable s'émousse assez vite : c'est l'habituation hédonique. Si je déjeune tous les jours dans un restaurant étoilé, je vais finir par ne plus prêter attention à la qualité car je m'y serai habituée. Ce qui vaut pour de délicieux repas, vaut pour un adorable conjoint... On se lasse de ses qualités !
Est-ce désespéré ? Non, comme le restaurateur qui change ses recettes pour surprendre notre palais afin de nous émerveiller, la solution passe par le renouveau.
Identifier la lassitude comme étant de l'habituation hédonique est un précieux atout : c'est normal, rien de pathologique. Pour autant, si l'on veut une vie de couple épanouie, cela ne suffira pas. « Oui chéri, c'est normal de s'ennuyer après deux ans de mariage, c'est ainsi... Fatalitas ». Non là n'est pas le point de vue de BoB, vous le savez, ni même de la psychologie positive. Il y a des moyens pour améliorer la situation. Les voici :
d'abord la gratitude : « continuons à être reconnaissants, conscients et admiratifs face à notre conjoint » et bien sûr évitons de « considérer notre partenaire comme acquis. ». Une des pratiques actives de l'appréciation est de rédiger des lettres de gratitude. Elles ont une efficacité démontrée, tant sur celui qui les écrit que sur celui qui les reçoit. Magique ! « En somme, les « exercices d'appréciation » nous aident à profiter des points positifs que nous avons tendance à perdre de vue, en savourant notre relation ici et maintenant et en gardant une perspective positive et optimiste. [et] quand nous savourons l'instant présent, nous ne considérons pas notre relation comme un acquis. »
ensuite, il est important de varier : « les changements dynamiques semblent avoir un impact durable sur le bonheur »
« La leçon est qu'il est essentiel d'introduire beaucoup de variété dans notre couple si nous voulons éviter l'habituation. […] La variété dans les pensées, les sentiments et le comportement a quelque chose de stimulant en soi. »
« Nous pouvons maximiser et entretenir le bonheur de notre couple en variant nos activités, en changeant d'avis et en faisant preuve de spontanéité. »
et aussi, il est important de surprendre : Sonja distingue variation et surprise. Les débuts d'une relation sont riches des deux, et presque tout est source de surprises car on ne se connaît pas. « Avec le temps, notre partenaire devient bien connu, on prend des habitudes et le nombre de surprises décline, pour se réduire à néant. » Sauf à suivre le modèle d'Alexandre Jardin dans le zèbre ou Fanfan.
« Notre objectif devrait donc être de créer plus de moments inattendus et des plaisirs imprévisibles dans notre relation – surprises qui nous ravissent et nous inspirent ».
À cette idée, bien des personnes se disent que cela suppose des moyens financiers, de la disponibilité... des freins (ou simplement des excuses ? ) mais quand vous avez rencontré votre conjoint, vous êtes-vous posé la question d'en avoir les moyens ? Ou vous êtes-vous laissé conquérir par la nouveauté, et chambouler par les émotions ? En fait, ce dont nous avons besoin c'est avant tout l'envie de faire vivre (et vibrer) notre relation. Cela suppose de « traquer la nouveauté », de « bouleverser la routine »...
NB : J'ai remarqué que pour les couples établis, quand on évoque une surprise, les gens imaginent qu'ils doivent organiser un voyage au bout du monde. Alors que la surprise peut consister en action qui n'ont pas de valeur financière et une énorme valeur affective. Comme de rentrer plus tôt et de proposer de faire une pause thé sur la canapé ; de faire le ménage alors qu'on ne le fait presque jamais ; de proposer d'accompagner son conjoint à son activité ou d'aller le chercher à la gare et d'aller à sa rencontre sur le quai... la liste est assurément infinie et propre à chacun. Pour se sentir à l'aise et avoir accès à ses ressources, je vous suggère d'établir une vraie liste... et bien sûr à la mettre en action.
« Les conjoints doivent pratiquer ensemble des activités nouvelles, stimulantes, qui suscitent des expériences inédites et enseignent de nouveaux talents, et qui obligent à évoluer. » Les chercheurs estiment que « cela renforce la sensation d'interdépendance et de proximité au sein du couple (grâce à l'aspect collaboratif des activités), encourage chacun à apprendre des choses sur l'autre, et engendre des émotions positives en général (amusement, fierté, curiosité, joie) qui tendent à donner une couleur plus optimiste à l'ensemble de notre vie, dont notre couple. »
Voici quelques éléments de ce premier chapitre... sachant que le titre du second est « Je ne peux pas être heureux si… mon couple s'écroule » car la crise fait partie de la vie de couple.
Et la psychologie positive (*) qui nous invite à viser le bonheur prend aussi en compte nos difficultés... pour les transformer en expériences bénéfiques.
Belles journées amoureuses... de vous d'abord !
Car, être en amour avec soi est assurément la ressource primordiale pour vivre le grand amour :-)
CoCoach pour BoB www.objectifBonheur.com
* De la psychologie positive : « La psychologie positive, jeune discipline née au tournant du nouveau millénaire, s'installe aujourd'hui comme un courant durable et se développe de façon exponentielle[...] une révolution des mentalités est en cours. […] Si la psychologie positive suscite autant d'intérêt, c'est donc simplement qu'elle répond à notre besoin existentiel de quête de sens et de solidarité » Jacques Lecomte
Son initiateur, l'américain Martin Seligman précise que la psychologie n'est pas qu'une profession de guérison, elle a une mission plus large : améliorer la vie de tous les gens.
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